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Présentation
UMR 9022 – Héritages : Culture/s, Patrimoine/s, Création/s
L’UMR Héritages est un laboratoire multi-tutelles soutenu par CY Cergy Paris Université, le CNRS et le ministère de la Culture.
Son cadre de réflexion procède de la mise en synergie de scientifiques du patrimoine et d’enseignants-chercheurs et chercheurs en sciences humaines et sociales travaillant sur le patrimoine, au sein de l’écosystème institutionnel et académique constitué autour de CY.
Héritages développe des recherches sur les transmissions culturelles : les façons de transmettre, dans leur historicité, l’appropriation des héritages pour penser le monde demain et la manière dont les objets et les traces nourrissent une réflexion critique sur les patrimoines et matrimoines, en devenir et institués. Sont concernées les transformations aussi bien matérielles que symboliques de ce qui constitue l’environnement des êtres humains. Les processus à l’œuvre, les créations, les inventivités collectives et leur articulation avec la production des savoirs y occupent une place centrale. Les enjeux mémoriaux, les créations littéraires et artistiques, les pratiques culturelles, les patrimonialisations et leurs usages sociaux constituent les principaux objets d’études de l’unité. Ils se déclinent en quatre axes dont les arguments suivants ont vocation à servir de guide pour le travail collectif des équipes.
Ces objets patrimoniaux y sont abordés sous un angle théorique et méthodologique fondé sur l’épistémologie et la construction des savoirs, dans un cadre résolument interdisciplinaire, du fait de l’appartenance scientifique de ses membres (anthropologues, archéologues, historiens, historiens des idées, sociologues, littéraires, linguistes, spécialistes des études aréales, des arts visuels et des politiques culturelles).
La recherche au sein d'Héritages s'articule autour de quatre grands axes
- Axe 1 : Comprendre le patrimoine
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En évacuant toute forme de croyance dans une valeur intrinsèque du patrimoine comme objet à valoriser, la démarche épistémologique de cet axe de recherche vise à comprendre le patrimoine comme un phénomène social et politique. Il s’agit par conséquent d’une démarche critique qui ne vise toutefois pas une dénonciation a priori du caractère élitiste, réactionnaire ou colonialiste du patrimoine. Cette approche nuancée repose sur une approche analytique qui permet de faire ressortir la complexité des dispositifs qui fabriquent le patrimoine et font évoluer nos représentations de ce dernier, les rouages sociaux, politiques qui les sous-tendent et leurs liens avec la production des savoirs.
Les recherches menées au sein de cet axe considèrent aussi bien des patrimoines institués et légitimés par les instances de reconnaissance patrimoniale (nationales et internationales) que des revendications patrimoniales qui se déploient en marge ou à travers des négociations avec des institutions culturelles. Elles questionnent les différents acteurs de la fabrique du patrimoine : les dispositifs de gouvernance, leurs outils administratifs et scientifiques, les pratiques conservatoires ainsi que les affects qui peuvent déclencher et nourrir des mobilisations patrimoniales. Elles questionnent également les différentes instances mobilisées dans la production des légitimités patrimoniales, les institutions qui les portent, et les manières dont elles dialoguent entre elles, que ce soit sur le mode de la coopération ou celui de la concurrence entre des jeux d’échelle également variés puisqu’ils peuvent aller du local à l’international. Une approche réflexive, qui tient compte de la place occupée ou prise par les scientifiques dans les processus de protection ou valorisation des patrimoines culturels et naturels, matériels et immatériels est au cœur de cette démarche scientifique. La place occupée par les instances du savoir académique et le rôle joué par les disciplines scientifiques dans la reconnaissance des patrimoines en constituent un des volets analytiques.
Les modalités d’institutionnalisation des pratiques culturelles étudiées envisagent par conséquent tout autant les rouages de leur patrimonialisation que les rejets dont peut faire l’objet l’horizon patrimonial. De ce point de vue, les dépatrimonialisations et les alternatives patrimoniales, les destructions et constructions, mais aussi les usages marchands du patrimoine et la manière dont ils s’adossent à des institutions garantes de leur valeur constituent autant de cas d’étude possibles et explorés au sein de cet axe.
- Axe 2 : Prendre soin des héritages et faire commun
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Cet axe fédère des études abordant les gestes et les objets hérités sous l’angle des attentions qu’elles suscitent et des gestes qu’ils génèrent autant qu’ils nécessitent. De la conservation à la réparation, de l’enquête génétique à la préfiguration, il s’intéresse aux usages des ressources culturels et naturelles dont héritent les sociétés pour fabriquer et recomposer leurs cultures et les démarches créatives sur lesquelles elles reposent, en mobilisant différents domaines d’études et en sollicitant les circulations interdisciplinaires et internationales. Les recherches menées permettent d’aborder des questions issues de la pratique et à forte dimension éthique : Quels régimes attentionnels les textes, les images, les objets transmis sollicitent-ils ? Leurs vulnérabilités sont-elles pareillement envisagées d’une discipline à l’autre, d’une culture à l’autre ? A quels effets conduit leur prise en considération et peut-on identifier une agentivité soignante en retour sur les acteurs contemporains ?
Ces questions amènent également à considérer l’acte perceptif et de prise du réel comme moment d’élaboration d’une pensée culturelle dans ce qu’il comporte à la fois de plus intime, nourri de sensation, d’émotions en lien avec une conscience du « je » et de mise en partage des héritages matériels propice à leur recomposition. C’est donc aussi à la charnière de l’intime et du collectif que ces gestes d’attention et de création se réinventent, selon des modalités qu’il convient d’explorer. Comment les regards portés sur les réalités du présent articulent-ils un regard rétrospectif sur les passés pour créer et inventer ?
Les corpus privilégiés dans cet axe appartiennent aux collections muséales, aux bibliothèques, aux cinémathèques, aux archives, et également aux centres de création, aux académies professionnelles, aux espaces naturels, aux unités médicales, sans exclusive. Il interroge également les formes sensibles produites et inventées à partir de ces héritages : productions audiovisuelles, sonores, scénographiques, théâtrales, chorégraphiques… La comparaison internationale et l’identification de courants critiques mobilisant des notions en partage s’y trouvent favorisées. L’axe est ainsi porté à faire entrer en dialogue des démarches ou domaines d’études spécialisés, comme la gastronomie ou la médecine narrative, avec l’ensemble des recherches menées sur les postures d’attention aux altérités, environnementales et humaines.
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- Axe 3 : Étudier le passé et ses usages publics
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La notion d’usages publics du passé est de plus en plus employée pour désigner les usages sociaux (c’est-à-dire non savants) de l’histoire. Cette notion non normative ne remet pas en cause a priori la légitimité de ces usages, mais invite à les analyser comme des faits sociaux. Elle inclut dans son champ d’étude des formes moins élaborées et plus variées que les politiques du passé conduites par les États (enseignement de l’histoire, commémorations, etc.) et prend en compte l’ensemble des échelles non étatiques (régions, communes, organisations supranationales mais aussi institutions culturelles, groupes, associations, voire individus) afin de saisir la multiplicité des références au passé et les fonctions qui, à un moment donné et dans un contexte donné, sont assignées à son évocation.
Les travaux de l’axe explorent les formes de patrimonialisation, d’appropriation, de valorisation et d’actualisation du passé, quels que soient les acteurs qui les promeuvent ou en seraient les objets ou destinataires. Parmi les objets d’étude figurent les pratiques commémoratives (locales, nationales, internationales) ; les reconstitutions historiques et leurs acteurs ; la constitution des collections, privées et publiques, et leur devenir en fonction des actualisations du passé et des revendications mémorielles ; les pratiques muséales et muséographiques ; l’évolution des pratiques de conservation-restauration ; les émotions patrimoniales ; les expériences de médiation, d’interprétation et de valorisation du passé ; les nouveaux patrimoines et pratiques collaboratives (collecte, conservation, etc.) ; les politiques culturelles participatives ; les concurrences mémorielles à l’aune des « dark heritages » (héritages sombres) et des pratiques de « cancel culture » (culture de l’effacement).
Les usages publics du passé interrogent aussi la création. Dans les champs artistiques et littéraires, la dimension patrimoniale est au cœur (polémique, il faut le préciser) d’un grand nombre de productions contemporaines. L’objectif pourrait être aussi dans ce cas d’analyser, diversement, la manière dont la création artistique et littéraire pense le passé, d’une manière générale, et le patrimoine dont il est la trace. Quels contours leur donne-elle ? Quels regards porte-t-elle sur ce passé et ce patrimoine ? Quels objets se donne-t-elle ? Et enfin comment en revitalise-t-elle, en les activant, les formes et les enjeux ? Au principe du processus de création dans bien des cas, la mobilisation de la question patrimoniale contribue tout à la fois à une re-définition du geste créateur et à une approche critique du patrimoine lui-même. Les travaux de l’axe pourraient alors fonctionner comme un double observatoire critique : de la création contemporaine à l’aune de la question des narrations du passé, des pratiques patrimoniales nourries de la littérature et des arts, permettant ainsi de repérer lignes de force et de tensions, susceptibles de mettre en lumière une configuration nouvelle du paysage contemporain. - Axe 4 – Explorer l’épistémologie de la recherche-création
et des écritures de la recherche -
Cet axe propose d’interroger le développement de voies alternatives pour la recherche sur les (re)configurations contemporaines des héritages et des modalités de la pratique scientifique : recherche-création comme modalité d’enquête transdisciplinaire, collaborations scientifico-artistiques, recherches « avec » les institutions du patrimoine, critique créative des objets culturels, savoirs expérientiels situés dans différents domaines de compétences, expérimentations pluridisciplinaires d’écriture sensible et de médiations culturelles de la recherche, liens entre postures cliniques-analytiques et soin, etc. Ces démarches et les effets qui en sont attendus gagnent également à être interrogées au prisme de l’interdisciplinarité, des recherches participatives et du renouveau de la recherche action. Il s’agit d’interroger les enjeux épistémologiques relatifs au « faire science » aujourd’hui tels qu’ils se déploient à travers ces nouvelles modalités de mise en œuvre des pratiques d’enquêtes et de restitutions des savoirs produits. Outre la manière dont les relations inter-disciplinaires et extra-scientifiques s’y donnent à voir, l’analyse des dialogues entre recherche et création se propose d’envisager les conditions de leur mise en œuvre et leurs effets sociaux et culturels. Les expertises non savantes et expérientielles s’y croisent avec des modalités coopératives et éthiques de production des savoirs. Les manières de faire recherche, de la collecte des données, leurs archivages et indexation, à la diffusion des savoirs dans une optique de science ouverte, se trouvent ainsi soumises à des injonctions qui peuvent parfois sembler paradoxales et dont il convient de décrypter les rouages. Le respect de considérations éthiques telles qu’elles sont garanties par la réglementation européenne sur la protection des données personnelles et la mise en œuvre des politiques de diffusion de savoir en sciences humaines et sociales amènent en effet les chercheurs à repenser aussi bien les conditions de production de leurs données que les modalités de restitution de leurs résultats scientifiques.
La réflexion engagée favorisera les modalités expérientielles, en particulier des doctorant·e·s écrivains et artistes ou professionnels du patrimoine mais aussi les inventivités collectives à l’œuvre à travers la mise en place d’outils pédagogiques, de dispositifs de créations artistiques, de rencontres ethno-artistiques, de valorisation des savoirs, savoir-faire et savoir-être et l’analyse de cas pratiques, en sollicitant la comparaison de terrains internationaux.
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