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Cassandra Nolay
Courriel : nolay.cassandra@gmail.com
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Date d'inscription
Décembre 2022
Directrice de recherche
Christine Vial Kayser (CY, Héritages)
Intitulé de la thèse
Marcel Duchamp et la mission para-religieuse.Marcel Duchamp and the para-religious mission.
Résumé de la thèse
Le 13 mai 1960, lors d'une conférence à l'université Hofstra, Marcel Duchamp déclare : « Je crois qu’aujourd’hui plus que jamais l’Artiste a cette mission para-religieuse à remplir : maintenir allumée la flamme d’une vision intérieure dont l’oeuvre d’art semble être la traduction la plus fidèle pour le profane. » Or, le terme de « para-religieux » est composé de para qui vient du grec et signifie « à côté de », il est défini comme un « élément de composition exprimant une idée de proximité, de ressemblance », le para-religieux sert donc à qualifier ce qui est « en marge de la religion. » Ainsi, avec cette déclaration, Duchamp manifeste l'idée de se soustraire aux dogmes imposés par la religion tout en continuant de répondre à une nécessité spirituelle. Et en octroyant une « mission para-religieuse » à l’artiste, Duchamp lui attribue un rôle spirituel vis-à-vis de l’étranger à l’art.
Aussi, la notion de spirituel vient du latin spiritualis qui dérive du grec pneumatikos qui désigne « la loi, des biens, des charismes, des hommes ou des réalités du monde qui prennent une valeur du fait qu’ils sont marqués par l’esprit. » Or, pneumatikos est formé à partir de pneuma qui signifie « l’Esprit », le terme spiritualis est donc marqué par l’idée qu’il y a une chose invisible qui habite l’homme, le sort de son état premier et le distingue. C’est en cela que la notion de spiritualité relève de l’immatériel. Il est important de préciser que cette notion est librement interprétée. En effet, au cours du XVIIe siècle le terme est utilisé pour se référer à ce qui attrait à la « vie intérieure. » En ce sens, la spiritualité n’est pas une pratique et a un caractère subjectif alors qu’adhérer à une religion suppose de partager une vision commune. Autrement dit, avec sa déclaration à Hofstra, Duchamp montre qu’il croit en l'idée d'un langage intérieur, propre à chacun. Une revendication également présente chez Wassily Kandinsky et Odilon Redon. À cet égard, le travail de Duchamp s’inscrit dans une forme de tradition.
Toutefois, ces différents aspects présents dans le corpus duchampien sont régulièrement occultés par les spécialistes qui ont une volonté de rationaliser la production des artistes. Ceci explique notamment que l'œuvre aux références occultes, Autel VII : Le Soigneur de gravité, réalisée par Duchamp dans le cadre de l'Exposition Internationale du Surréalisme de 1947, ne fut jamais réellement étudiée et soit tombée dans l’oubli.
En ce sens, il apparaît fondamental de recontextualiser et de réinterroger l’ensemble des travaux de Duchamp à travers ce prisme du spirituel. L'intérêt de ce travail de thèse n’est pas de réfuter les interprétations existantes mais de montrer la nécessité d’une nouvelle approche tout en ayant un regard complet. De fait, cette thèse aborde plusieurs disciplines, comme l’histoire de l’art, la philosophie ou encore les sciences religieuses et la psychologie.
Résumé de la thèse en anglais
Now, the term "para-religious" is composed of para which comes from the Greek and means "next to", it is defined as an "element of composition expressing an idea of proximity, of resemblance", the para-religious is therefore used to qualify that which is "on the margins of religion." Thus, with this statement, Duchamp manifests the idea of escaping the dogmas imposed by religion while continuing to respond to a spiritual necessity. And by granting a "para-religious mission" to the artist, Duchamp attributes to him a spiritual role to the stranger to art.
Also, the notion of spiritual comes from the Latin spiritualis which derives from the Greek pneumatikos which designates "the law, goods, charisms, men or realities of the world which take on a value from the fact that they are marked by the spirit." However, pneumatikos is formed from pneuma which means "the Spirit", the term spiritualis is therefore marked by the idea that there is an invisible thing which inhabits man, takes him out of his first state and distinguishes him. This is why the notion of spirituality is immaterial. It is important to specify that this notion is freely interpreted. Indeed, during the 17th century the term is used to refer to what concerns the "inner life." In this sense, spirituality is not a practice and has a subjective character whereas adhering to a religion implies sharing a common vision. In other words, with his declaration at Hofstra, Duchamp shows that he believes in the idea of an inner language, specific to each person. A claim also present in Wassily Kandinsky and Odilon Redon. In this respect, Duchamp's work is part of a form of tradition.
However, these different aspects present in the Duchampian corpus are regularly hidden by specialists who have a desire to rationalize the artists' production. This explains in particular that the work with occult references, Altar VII: The Healer of Gravity, produced by Duchamp as part of the International Surrealist Exhibition of 1947, was never really studied and has fallen into oblivion.
In this sense, it seems fundamental to recontextualize and re-examine all of Duchamp's work through this prism of the spiritual. The interest of this thesis work is not to refute existing interpretations but to show the need for a new approach while having a comprehensive view. In fact, this thesis addresses several disciplines, such as art history, philosophy, religious sciences and psychology.