Vous êtes ici :
- Unité de recherche
- CY Héritages
- Accueil
- L'UMR
- Équipe
- Doctorant.es
Juliano Nunes Caldeira
Date d'inscription
Septembre 2024
Directeur de recherche
Rémi Astruc (CY, Héritages)Doctorat par le projet en Art
au sein de l'EUR Humanités, Création et Patrimoine (école partenaire : ENSAPC)
Intitulé de la thèse
La Métamorphose du monde : La figuration entre le grotesque et le monstrueux, plus précisément dans la peinture, à l’aube de l’intelligence artificielle – entre merveilles, métaphores visuelles et dystopies contemporaines.The Metamorphosis of the World: Figuration between the Grotesque and the Monstrous, specifically in painting, at the dawn of artificial intelligence – between wonders, visual metaphors, and contemporary dystopias.
Résumé de la thèse
Mon projet s’intéresse aux métamorphoses visuelles dans la figuration et aux questions qu’elles soulèvent avec l’apparition des intelligences artificielles. Il s’organise et se construit autour de la création d’une série de peintures, dessins et vidéo exploitant des failles des IA capables de générer des images statiques ou en mouvement. En mêlant l’apprentissage des IA avec mes propres sources d’image, cela donne naissance à des figures hybrides, voire monstrueuses, qui me servent de modèles pour la peinture.
Mon objectif est de m’emparer des dérives découlant de l’utilisation des IA dans la création des images afin de leur donner un corps par la peinture, qu’il soit symbolique, métaphorique ou allégorique. Je souhaite atteindre leur vérité merveilleuse, grotesque ou monstrueuse, à travers la transmutation et la distance critique que la création artistique procure, pour ainsi questionner le rapport que nous entretenons ce nouveau régime d’images et leur potentiel de transformation de notre éducation visuelle et de notre monde sensible.
Métaphores de nous-mêmes et des dérives de notre envie de puissance, le monstre a toujours été le reflet inversé de l’humanité dans l’histoire des images. Ainsi comme le monstre, en s’échappant aux lois de la nature – ou de sa propre nature fonctionnaliste, son propre apprentissage ou code − l’IA remet en cause nos notions de réalité, de véracité et du vivant.
La représentation du monstrueux en art peut rendre compte de possibles dérives du monde et les dénuder des filtres et apparats de la société qui épaississent notre sensibilité. Paradoxalement, le monstre nous montre une lumière, celle de l’imprévisibilité de la vie et de l’infinité des possibles (st. Augustin). Le devenir-monstre de l’IA serait ainsi l’image de l’apparition de la puissance de la vie dans sa désorganisation.
En la poussant vers son devenir-monstrueux en la détournant de ses fonctions premières, je souhaite introduire les « failles » de l’IA dans mon processus de création plastique et ainsi soulever des questions sociétales, morales et éthiques intrinsèques à son utilisation dans le monde physique, dans notre psyché et dans nos vies en voie d’algorithmisation.
Résumé de la thèse en anglais
My project focuses on visual metamorphoses in figuration and the questions they raise with the emergence of artificial intelligence. It is organized and constructed around the creation of a series of paintings, drawings, and videos exploiting the flaws in AI capable of generating static or moving images. By blending AI learning with my own image sources, this gives rise to hybrid, even monstrous figures, which serve as models for my paintings.
My goal is to seize the deviations resulting from the use of AI in image creation and give them a body through painting, whether symbolic, metaphorical, or allegorical. I aim to reach their marvelous, grotesque, or monstrous truth through the transmutation and critical distance that artistic creation offers, thereby questioning the relationship we have with this new image regime and its potential to transform our visual education and our sensory world.
Metaphors of ourselves and the excesses of our desire for power, monsters have always been the inverted reflection of humanity in the history of images. Like the monster, escaping the laws of nature—or its own functionalist nature, its own learning or code—AI challenges our notions of reality, truth, and life.
The representation of the monstrous in art can reveal possible excesses of the world and strip away the filters and trappings of society that dull our sensitivity. Paradoxically, the monster shows us a light, that of the unpredictability of life and the infinity of possibilities (St. Augustine). The "becoming-monster" of AI would thus be the image of the emergence of life’s power through its disorganization.
By pushing AI towards its monstrous becoming, diverting it from its original functions, I wish to introduce the "flaws" of AI into my artistic creation process, thereby raising societal, moral, and ethical questions inherent in its use in the physical world, in our psyche, and in our increasingly algorithm-driven lives.