du 31 mars 2023 au 1 juillet 2023
  • Recherche

Publié le 31 mars 2023 Mis à jour le 5 mai 2023

Appel à communications - Colloque international "Gestes, rythmes, mouvements du commun"

affiche Gestes...2023
affiche Gestes...2023

Appel à communications - Colloque international "Gestes, rythmes, mouvements du commun", coorganisé par Rémi Astruc (professeur à CY Cergy Paris Université, chercheur à Héritages), du 18 au 20 octobre 2023 à Charenton - délai au 1er juillet 2023

Appel à communications

Colloque international

Gestes, rythmes, mouvements du commun

Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie 
Paris-Charenton (M° Liberté)

Du 18 au 20 octobre 2023

Délai au 1er juillet 2023


Les propositions de participation, de communication, de table ronde et d'atelier sont à envoyer jusqu’au 1er juillet 2023, à l’adresse : astruc.remi[at]orange.fr.

L’objectif de ces rencontres est d’ouvrir un échange entre théoriciens et praticiens, chercheurs et artistes, performeurs et publics afin que se dessine un espace de cocréation intellectuel et sensible propice à appréhender la complexité de ce sujet.

Argument

Soulèvements, retournements, insurrections, révolutions, écrasements, bonds en avant, retours en arrière, stagnations sont autant de mouvements — élans et retombées — qui agitent en permanence le "corps social", comme si celui-ci était effectivement composé de muscles et de tendons qui n’ont de cesse de s’activer et de se relâcher, d’entraîner celui-ci dans une direction ou une autre. Or on peut penser qu’il y a bien plus qu’une grossière métaphore vitaliste derrière cette façon de qualifier les groupes et les sociétés dans leur turbulente évolution : il y a la perception claire qu’une réalité physique, bien que subtile, peut seule constituer le support d’un "être-en-commun", voire d’un mouvement commun.

L’existence et par la suite l’activité d’un groupe social, d’une communauté ou même d’une société doivent ainsi toujours pouvoir se concevoir d’abord dans le sensible. C’est d’ailleurs le sens premier de la notion de "mobilisation", qui signifie mise en mouvement d’un collectif et qui seule, parfois, permet de révéler la con-stitution ("se tenir droit ensemble") d’un groupe, lequel, pour être ou en tout cas pour apparaître, doit au moins donner l’impression qu’il est prêt à se dresser, voire à se déplacer dans le temps et dans l’espace, à se mettre en marche. Dès lors, qui veut réellement comprendre les dynamiques sociales doit nécessairement se pencher sur la dimension proprement cinétique de celles-ci, s’intéresser à comment se coordonnent et se mettent en mouvement des corps qui, en dernier ressort, les composent. Cela requiert une attention particulière aux impulsions, aux énergies, aux flux qui orientent ces expressions physiques, ainsi qu’à l’espace qui les reçoit et où elles s’impriment, aux images, tracés, circonvolutions qu’elles y dessinent.

Le sentiment de "communauté" (que Max Weber préférait appeler "communautisation", soulignant ainsi la dimension de processus à l’œuvre1 ) — et dans une moindre mesure de "société" — est de fait toujours un mouvement tout à la fois physique et en partie psychique de réunion, d’accord, d’alignement des consciences et des corps, voire des pas, dans une même direction ou convergeant vers un même centre. Avant même d’être un concept ou une idée, ce qui constitue "le commun" est ainsi un élan, un élancement, une impulsion. De même, "les communs" traduisent une aspiration collective, ou une poussée — autre mouvement, inverse — visant à dépasser la sphère individuelle privée tout en investissant autrement la sphère publique. Sans que nous en prenions bien conscience, toute une chorégraphie dessine ainsi en permanence les trajectoires de nos affections communes. De telle sorte qu’une formulation et une description en termes de gestes, de mouvement et de rythme de l’existence collective s’impose. C’est le sens de la "choréopolitique" esquissée par le chercheur en Performance Studies André Lepecki2 , laquelle viendrait s’opposer à la captation de ces mêmes capacités de mobilité par les gouvernements et leurs "forces de l’ordre" ou "choréopolice"…

C’est pourquoi, dans la poursuite des réflexions menées dans le cadre de deux précédents colloques internationaux : "Images du commun et de la Communauté" (Paris, 2017), "Communitas, les mots du commun" (Cergy, 2019), nous vous invitons à participer à un troisième volet de ce programme de recherche consacré aux esthétiques de la communauté, consacré cette fois aux "gestes, rythmes et mouvements du commun". Celui-ci se penchera donc plus spécifiquement sur les dynamiques corporelles, intellectuelles et sensibles des productions de commun(s) et de communauté. Ainsi quels sont les gestes qui créent du commun, les actions qui dynamisent un processus collectif ? Quels tracés dans l’espace, quelles attractions/répulsions, surgissements, déplacements, déploiements ou involutions, accompagnent les moments de communisation ? Plus largement, quels mouvements, mobilités, s’expriment dans les rassemblements, les mobilisations, les mises en communs et toutes les autres expressions d’un collectif ? Et quelles formes apparaissent alors plus spécifiquement dans la sphère publique, dans la sphère privée, sur la scène d’un théâtre, dans la rue ou sur l’arène politique ? Tel sera le cœur de ces rencontres, qui se tiendront du 18 au 20 octobre prochain à Paris.

------------------------------------
Dans les Concepts fondamentaux de sociologie (1920), Max Weber distingue entre Vergemeinschaftung ("communautisation") et Vergesellschaftung ("sociétisation"). Voir par exemple : Catherine Colliot-Thélène, "La notion de "communauté" chez Max Weber : enjeux contemporains", Cahiers de philosophie de l’université de Caen, n° 56, 2019, p. 35-56.
Voir André Lepecki, "Choreopolitics and choreopolice", Communauté des Chercheurs sur la Communauté, Communauthèque, rubrique "Art biopolitique" [en ligne].

Organisé par l'UMR 9022 Héritages : Culture/s, Patrimoine/s, Création/s
En partenariat avec Creative Commune


Responsable : Rémi Astruc (CYU)
Contact : astruc.remi[at]orange.fr

Comité d’organisation : Rémi Astruc, Madeleine Planeix-Crocker, Fanny Tsang

Comité scientifique :
Sylvie Brodziak (CYU)
Fabienne Martin (CNRS)
Nathalie Wourm (U. Birkbeck)
Xavier Garnier (U. Sorbonne-Nouvelle)
Stéphane Vibert (U. Ottawa)
Thierry Tremblay (U. Malte)
Pascal Michon (ENS)