Colloque "Littérature ← Écritures → Soin – Soignés/soignants : quelles pratiques du récit ?", organisé par Sylvie Brodziak (PR CY, Héritages) et AMarie Petitjean (MCF HDR CY, Héritages) - du 11 au 13 mai 2022, à Cergy et à Neuville-sur-Oise
Colloque international indisciplinaire
Littérature ← Écritures → Soin
Soignés/soignants : quelles pratiques du récit ?
le 11 mai 2022
Campus des Chênes 1 de CY Cergy Paris Université, Ampli Simone Veil, Cergy
les 12 et 13 mai 2022
Maison internationale de la recherche, CY Cergy Paris Université, Neuville-sur-Oise
Programme du colloque
Site du colloque
Organisatrices : Sylvie Brodziak (PR CY, Héritages) et AMarie Petitjean (MCF HDR CY, Héritages)
Les deux champs disciplinaires de la littérature et la médecine qui s’étaient progressivement éloignés au cours de l’histoire moderne font aujourd’hui l’objet d’un mouvement de convergence souligné dans plusieurs manifestations scientifiques récentes : le colloque international « L’indiscipline des Humanités médicales » de l’université de Bordeaux en a témoigné en novembre 2020, après celui de 2017 « Humanités médicales : fictions, représentations, témoignages » de l’Université Sorbonne Paris Cité et le lancement en 2019 de l’IRN Humanités médicales, réseau international porté par le CNRS. Quant à la littérature contemporaine, elle ouvre sa tradition des grands médecins littérateurs et celle de la représentation de la mort et de la souffrance à des expériences narratives renouvelées, devenant « le lieu où s’élaborent réflexivement nos formes de vie et notre capacité d’action » (Gefen 2021 : 163). Sous l’égide d’une éthique non sectorielle du care (Tronto 2009 ; Paperman & Laugier 2011, Brugère 2017), de la réflexion sur l'usage des ambiances (Tallagrand, Thibaud & Tixier 2021, Begout 2020) et surtout de l’élargissement anthropologique de la notion de récit (Ricœur 1983-1985 ; Schaeffer 2020), s’inventent des synergies qui concernent autant les humanités médicales que la littérature d’intervention et prennent forme en premier lieu dans les pratiques professionnelles et les formations (Charon 2015 ; Goupy & Le Jeunne 2017).
Le présent colloque s’attache, dans ce contexte, à la manière dont s’écrivent les relations entre littérature et soin. C’est l’objet du terme « écritures » placé en cheville entre les deux notions. L’objectif est d’interroger précisément les pratiques du récit écrit, aussi bien en position de soigné qu’en position de soignant[1]. Comment tisser par l’écriture un rapport au soin, à la maladie, à la défaillance physique ou mentale ? Quel apport du passage par le texte narratif ? Quels liens entre gestes d’écriture créative et gestes thérapeutiques ? La littérature est-elle parfois réparatrice et est-elle toujours d’accompagnement ?
Pour répondre à ces questions, les contributions pourront se répartir autour des axes suivants :
Axe 1 : Postures médicales, postures littéraires
Se raconter soigné ou soignant, en faire le récit le plus abouti possible, engage à la fois une image de soi et une certaine représentation du pouvoir de l’exercice littéraire. On ne se contentera pas d’un répertoire des « postures » engagées, mais on cherchera les liens entre le médecin et le lecteur, le malade et le critique informé, ou le blessé et l’écrivain, et vice versa. En quoi le récit change-t-il ou échange-t-il les positions ? Comment penser l’analogie littérature-soin au-delà d’un discours de commentaire ? Qu’en révèlent les textes littéraires ?
Axe 2 : Soins, imaginaires et interculturalité
Soigner n'est pas uniquement un acte technique. C'est aussi la rencontre de deux univers et de deux imaginaires. Ainsi, le soignant a parfois besoin de clefs culturelles pour pouvoir écouter et entendre afin de mieux comprendre et bien soigner. Il s'agira ici de voir comment s'engagent les échanges entre soignants et soignés, quelle relation au pouvoir s'instaure et quels récits peuvent naître des diverses représentations de la société et du monde.
Axe 3 : Atmosphères sensibles et récits
Soigner et écrire sont des situations ordinaires à l'épreuve du sensible qui ont lieu dans des espaces traditionnellement différents, voire étrangers. Qu'en est-il quand ces deux actes se déroulent dans le même espace ou des espaces contigus ? Quel usage de l'ambiance du cabinet médical ou de la chambre d'hôpital est-il fait par celui ou celle qui écrit dans le domaine du soin ? Comment les percepts et les affects qui imprègnent les lieux du care informent-ils le récit ? Un tel questionnement pose la question de l'espace où va avoir lieu le dialogue entre patient et médecin, entre narration et écriture de soi au sein de la clinique.
[1] On voudra bien considérer l’emploi du masculin grammatical comme neutre, sans distinction d’identité genrée.
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