Publié le 12 septembre 2023–Mis à jour le 9 octobre 2023
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Poésie et anthropologie
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Colloque "Poésie, anthropologie/ethnologie, poètes, anthropologues-poètes/poètes anthropologues : croisements, emprunts, ré/appropriations dans les Amériques et le pourtour du Pacifique (1960-)", organisé par Peggy Pacini (MCF CY et chercheure à Héritages), Gérald Peloux (MCF HDR et chercheur à Héritages) et AMarie Petitjean (PR CY et chercheure à Héritages), avec le soutien du ministère de la Culture, les 18 et 19 septembre 2023, à Charenton-le-Pont
Colloque organisé par Peggy Pacini (MCF CY et chercheure à Héritages), Gérald Peloux (MCF HDR et chercheur à Héritages) et AMarie Petitjean (PR CY et chercheure à Héritages)
Ce colloque s’inscrit dans le cadre des recherches de l'axe 2 de l'UMR Héritages (écriture et création / recherche-création) et cherche à mettre en perspective différentes pratiques littéraires, notamment dans le champ de la poésie contemporaine en Amérique et dans le pourtour du Pacifique (The Pacific Rim).
L'UMR profite de la venue du poète nisga'a Jordan Abel pour, au regard de son travail (en particulier son premier volume The Places of Scraps) et de ses recherches, recontextualiser le dialogue entre ethnologie/anthropologie et poésie dans la création, la recherche-création, la production et l'édition littéraire et proposer une réflexion collective sur le dialogue qui peut être engagé entre l’écriture de soi et du monde (la poésie), et les représentations culturelles et la compréhension des cultures (l’ethnologie /l’anthropologie).
Nicolas Adell, Vincent Debaene et Amalia Dragani avaient offert un contexte a ce thème « anthropologie et poésie » dans le numéro 21 de Fabula-LhT, numéro centré sur les anthropologues en prise avec le poétique. Ce colloque ne souhaite pas reproduire ce que ce très bon dossier a déjà mis en lumière, mais prolonger la réflexion en proposant de partir de deux angles d’approches : le premier, les poètes en prise avec l’anthropologie ; le second, l'ethnopoésie, la poésie ethnographique, la poésie de terrain, la poésie anthropologique.
En partant des années 1960, de la naissance de l’ethnopoésie (Tedlock, Hymes, Rothenberg) et de l’importance grandissante de la place des mythes et des cultures amérindiennes (Boas, Lévi-Strauss, Benedict, Kroeber) dans la création poétique (origine, formes, modalités, thèmes), ce colloque s’interrogera, d’une part, sur ce retour au primitif et à l’archaïque dans l’émergence d’une poétique de la relation à l’autre, au monde, chez les poètes non-autochtones issus des avant-gardes et de la contreculture, qui déjà dessinait les contours d’une écopoétique. On se penchera, d’autre part, sur le travail de réappropriation de l’histoire, de la langue et de la culture volée ou réduite au silence par la mise en place des stratégies de compositions (expérimentales) qui visent à décoloniser l’espace culturel et littéraire colonisé, chez les poètes autochtones. À ce titre, une attention particulière sera portée au rôle des travaux de l’anthropologie culturelle américaine sur la poésie de la contreculture américaine des années 1960, sur le matériau que constituent les travaux des anthropologues issus de ce courant sur l’écriture contemporaine de soi chez les poètes et écrivains autochtones et non-autochtones.
En outre, la poésie des avant-gardes des XXe et XXIe siècles a été/est traversée par une double volonté : rompre avec une tradition poétique tout en faisant dialoguer la poésie (d’un point de vue structurel, conceptuel et linguistique) avec d’autres traditions culturelles ancestrales (orales et symboliques), et, servir de tremplin à des positionnements politiques, identitaires, environnementaux et sociétaux. Les poètes.ses issu.es des minorités contreculturelles et autochtones du continent américain et du pourtour du Pacifique se sont, à partir des années 1960-1970, ré- ou/et approprié.e.s les cultures amérindiennes/autochtones et tribales afin de repenser les cadres et frontières de la poésie (ethnopoésie, écopoétique, poésie anthropologique, poésie de terrain). Ce grand réveil des cultures tribales, que ce soit au sein des minorités autochtones, ou au sein des avant-gardes et de la contreculture, prend diverses formes, mais place toujours en toile de fond un questionnement sur la place de l’homme dans le monde, sur son rapport au temps, à l’espace, à la nature, à la culture, mais aussi au langage et à l'oralité, le poème devenant alors l’incarnation d’une façon d'être au monde ou le récit d'une contre-histoire (niée, effacée, muséifiée, etc.).
Une attention particulière sera aussi portée à 1) la question de regard (interne, externe et liminaire) des poètes, des anthropologues et des poètes-anthropologues /anthropologues-poètes et comment celui-ci informe leur production ; 2) la question de la traduction, de la transcription, de l'oralité, de l’écriture et prise de notes ; 3) la question de textes anthropologiques, ou des méthodes ethnographiques (au discours scientifique) comme réflexion, support, matériau de la création poétique (recherche-création).
Que peut-on encore dire une cinquantaine d'années après le retour des tribus, pour reprendre l'appel du Human be-in de San Francisco (1967) et l'émergence de l'ethnopoésie, du dialogue qui s'opère entre poésie et anthropologie ? quelles formes prend-t-il (écopoétique, poésie anthropologique, poésie de terrain, etc.) ?