Publié le 19 mai 2021–Mis à jour le 27 juillet 2022
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Urbicides. Destructions et renaissances urbaines du XVIe siècle à nos jours
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Contribution d'Émilie Dosquet (MCF CY) à cet ouvrage codirigé par Philippe Chassaigne, Christophe Lastécouères et Caroline Le Mao - Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine, 2021
La notion d’urbicide appartient au vocabulaire classique des chercheurs qui s’intéressent à toutes les formes de destruction urbaine, au point de nourrir désormais tout un pan des disaster studies. Mais le fait que plusieurs disciplines en revendiquent la paternité montre qu’il faut continuer à la discuter ; c’est l’ambition de ce livre.
Qu’est-ce que la mise à mort d’une ville ? Si la guerre est une caractéristique sui generis de l’urbicide, elle ne saurait recouvrir entièrement la notion. L’urbicide est en effet emblématique du rapport affectif que les sociétés urbaines nouent autour de leur ville, quand les violences infligées à la ville, à son architecture, à sa population et à sa culture menacent l’urbanité au point de se muer en catastrophe urbaine.
L’urbicide existe alors autant en temps de guerre qu’en temps de paix, autant dans les faits que dans les récits et les images. Ceux-ci expriment tout à la fois une perte et la nécessité de la réparer afin de construire une mémoire de la catastrophe. La renaissance urbaine coïncide toujours avec l’urbicide, qui met en lumière la résilience des sociétés et la vigueur des territoires mutilés. Toutes ces questions sont au cœur de ce livre collectif de près de trente auteurs issus de formations différentes (architecture et urbanisme, histoire et histoire de l’art, géographie, droit, sociologie) mais acquis à l’idée que les logiques de l’urbicide ne peuvent apparaître sans profondeur historique ni dialogue interdisciplinaire.