José de Ribera, Public domain, via Wikimedia Commons
Journée d'étude "Visions du Desengaño" au Palais des Beaux-Arts de Lille, le 4 avril, organisée par Michèle Guillemont (Université de Lille), Maria Zerari (Sorbonne Université) et Cécile Vincent-Cassy (CY Cergy Paris Université/UMR Héritages).
Journée d'étude Visions du Desengaño de Madrid aux Amériques
(XVIe - XVIIIe siècle)
Désabusement, désenchantement, désillusion, dessillement…, le Desengaño ne peut se réduire aux vanités et expressions mélancoliques. Il est un « intraduisible ». Il n’est pas, comme l’explique Barbara Cassin (Vocabulaire européen des philosophies) ce qui ne se traduit pas mais ce qu’on ne cesse de traduire, car il reste toujours une distorsion. Il est partout en Espagne et dans les mondes ibériques, entre le dernier tiers du XVIe siècle et tout au long du XVIIe siècle, jusqu’au Siècle des Lumières… et au-delà. Écume de temps très difficiles, le desengaño mène aussi à aiguiser toujours davantage l’esprit – agudeza, ingenio sont aussi des termes marquant l’époque moderne dans les mondes ibériques (comme le sera le witz au XXe siècle).
Pour dépasser apparences et chaos du monde, face aux échecs et aux pertes, il faut inventer et créer. Le sujet de ces conférences est l’art et les images où le desengaño est à l’œuvre élaborant des discours visuels sur la vanité et le trompe l’œil. Par là, la question centrale est celle de la possibilité d’accéder à la vérité à travers le sens de la vue. Plus largement, les conférenciers montreront comment les images sont utilisées pour conduire le spectateur à porter un regard desengañado sur les choses et le temps. Les cas traités (Espagne, Nouvelle-Espagne et les missions paraguayennes), mettront en lumière ce qui est à la fois un thème et un regard critique dans l’immensité géographique et politique de la Monarchie hispanique, dont nous nous demanderons si c’est l'une de ses spécificités culturelles et esthétiques.