Laboratoire de recherche de l'Inp - Département des restaurateurs


Historiquement, le laboratoire a été conçu pour répondre aux besoins d’analyse des ateliers et des étudiants en caractérisation des matériaux des objets du patrimoine dont l’Inp a la responsabilité pour étude et restauration. Depuis plusieurs années et en particulier depuis l’intégration de l’Inp à la FSP, une dimension recherche est affichée par le laboratoire. En 2017, avec le recrutement d’une chargée d’études documentaires, le laboratoire a complété sa palette de compétences existantes en physico-chimie (deux ingénieures d’étude) en intégrant l’imagerie scientifique à sa mission de recherche. Puis, en 2019, le recrutement d’un docteur en acoustique permet au laboratoire d’afficher des compétences complémentaires en mécanique. Enfin, L’arrêté du 13 juillet 2018 fixant la liste des établissements d’enseignement supérieur relevant du ministère chargé de la culture et fixant la liste de leurs unités de recherche, a défini le laboratoire de l’INP comme unité de recherche de l’établissement.

Aujourd’hui les trois missions du laboratoire sont les suivantes :
  • Une mission d’analyse et d’imagerie scientifique : le laboratoire est chargé de constituer les dossiers scientifiques préalables aux travaux de conservationrestauration conduits dans toutes les spécialités. Il dispose des équipements suivants :
    • Matériel d’imagerie scientifique (radiographie, imagerie UV et IR, photographie, photogrammétrie, scan de surface pour la modélisation 3D) ;
    • De plusieurs systèmes de microanalyse, ce qui lui permet de répondre en partie aux questions propres aux matériaux inorganiques et organiques (stéréomicroscopie et microcopie optique, microfluorescence X, spectroscopie infrarouge couplée à un système d’imagerie et de microscopie; microscopie électronique à balayage sur un plateau technique extérieur) ;
    • Des systèmes de mesures de propriétés mécaniques des objets (systèmes d’analyses vibratoires, carte son, capteur de distance laser sans contact).
  • Une mission de pédagogie des sciences essentiellement pour les étudiants mais aussi plus ponctuellement pour les professionnels de la conservation restauration :
    • Création, coordination de module d’enseignement (Projet d’étude expérimentale PEEX qui est une pré-configuration du protocole technico-scientifique de l’année de mémoire, TP métallographie, sciences, imagerie scientifique, professionnalisation, etc.);Accompagnement des étudiants pour le choix d’objet de diplôme (4A), pour formuler leurs besoins en analyses scientifiques (5A), pour définir le protocole technico scientifique de fin d’étude (5A) ;
    • Encadrement scientifiques des étudiants de 5A lorsque le sujet coïncide avec l’expertise des membres du labo ;
    • Organisation de journées d’études pour diffuser les résultats de la recherche en CR (public professionnel).
  • Une mission de recherche appliquée en conservation-restauration, orientée autour de deux axes principaux : la caractérisation des matériaux et objets du patrimoine d’une part et le développement de méthodologies et protocoles expérimentaux pour la CR. Ainsi les principaux projets de recherche auxquels participent les membres du laboratoire sont les suivants (présentés plus précisément en annexe) :
    • ZIP (financements FSP et EUR)
    • CoPaiM (co-financement DIM MAP / Synchrotron Soleil)
    • Projet UV
    • Change (financement européen Marie Curie)
    • SoCore ! (financement ANR)
    • Vibration&Conservation (financement FSP)
    • Méthodologie multiphysique et sensorielle des interventions de CR (financement FSP).
Pour remplir ces trois missions, l’équipe du laboratoire est constituée de quatre membres permanents (deux ingénieures d’étude chargés des fonctions d’adjoint au responsable du laboratoire, une chargée d’étude documentaire et une ingénieure de recherche, responsable du laboratoire), auxquels s’ajoutent des membres non permanents, actuellement deux doctorants.

Le contexte à venir est l’occasion de positionner le laboratoire de recherche de l’Inp comme un lieu d’échange, d’innovation et de construction des savoirs en matière de sciences appliquées en conservation-restauration des objets du patrimoine.

Le développement de la recherche dans les écoles supérieures Culture s'inscrit dans le contexte de l'intégration des formations et des diplômes dans le schéma Licence-Master-Doctorat (LMD). La création en 2018 du doctorat Humanités, Création et Patrimoine à l’université CY Paris Seine permet à l’Inp et en particulier au département des restaurateurs d’afficher un cursus d’études complet en conservation restauration du patrimoine. Ce doctorat, mention conservation restauration, reconnait ainsi, et fait entrer à l’Université la recherche en conservation restauration. L’animation de cette mention de doctorat revient au laboratoire.

Au sein de quelques écoles (écoles d’architecture de Versailles, Conservatoire national d’Art dramatique sont des exemples parmi la quarantaine d’écoles) existent des unités mixtes de recherche et des programmes de recherche associant le ministère de la Culture et le CNRS. Ces associations favorisent le renforcement et la valorisation des activités de recherche des laboratoires de ces écoles. L’Inp suit cette dynamique puisque l’équipe du laboratoire et d’autres membres du personnel de l’Inp souhaitent devenir « chercheur associé » de l’UMR Héritage(s) de CY Université. Cette intégration, en plus de renforcer la valorisation des travaux de recherche sur l’étude du patrimoine matériel et de ses procédés de CR permettra d’échanger avec d’autres chercheurs du domaine et d’accueillir des chercheurs, titulaires d’HdR pour encadrer pertinemment les doctorats de la mention conservation restauration. En effet, la recherche en conservation restauration est une recherche pluridisciplinaire associant fortement les sciences expérimentales, ce qui peut nécessiter une direction de thèse en sciences exactes actuellement impossible compte tenu du rattachement des laboratoires de la graduate school. Le laboratoire de l’Inp, reconnu pour son expertise en sciences appliquées à la conservation restauration serait dans cet UMR renforcerait l’équipe travaillant sur la matérialité du patrimoine, et attractif pour des HdR en sciences du patrimoine.

 

ANNEXE : Projets de recherche du Laboratoire

Projet ZIP

Le projet ZIP est dédié à l’étude de films plastiques auto-adhésifs, appelés zips, utilisés dans les dessins d’architecture. Il est importé des Etats-Unis à la fin de la Seconde Guerre Mondiale afin d’accélérer les méthodes de production des documents graphiques dans le contexte de la Reconstruction. Omniprésent dans la pratique des architectes dès les années 1960, il disparaît dans les années 1990 avec l’arrivée des ordinateurs dans les agences. Le zip se caractérise par une surface colorée ou par un motif, imprimé à l’encre, sur un support plastique transparent et préencollé avec un adhésif. Il est présent au sein des collections d’architectures d’institutions culturelles : il apparaît sur une grande diversité de supports (carton, calque, papier, …) et son état de conservation est souvent préoccupant.

Les porteurs du projet sont Marion Cinqualbre, restauratrice d’arts graphiques (doctorante de l’EUR Humanités, création et patrimoine, mention conservation-restauration) et Maroussia Duranton, scientifique de la conservation, adjointe à la responsable du laboratoire de l’INP et encadrante professionnelle du doctorat par le projet de Marion Cinqualbre. Les partenaires du projet sont le MNAM-CCI Centre Pompidou, services de l’architecture et de la restauration (O. Cinqualbre, C. Cooper, F. Migayrou), le laboratoire scientifique et technique et service des collections de la BnF (S. Bouvet, E. Pellizzi), le laboratoire et atelier d’arts graphiques du Museum of Modern Art (L. Neufeld, E. Mosier, A. Martins), la Fondation Le Corbusier (B. Bouvier, A. Dercelles, I. Godineau) et la Cité de l’architecture et du patrimoine (Stéphanie Quantin-Biancalani).

Le doctorat de Marion Cinqualbre a pour objectif d’établir des protocoles de conservation-restauration adaptés aux problématiques posées par le zip. Confrontés à un corpus de dégradations très étendu, la recherche se concentre sur les altérations face auxquelles les restaurateurs se trouvent démunis : les pertes d’adhésion, les réseaux de bulles et les variations dimensionnelles. Un protocole expérimental sera engagé sur des éprouvettes dont les dégradations auront été modélisées en laboratoire. Un suivi permettra de valider l’innocuité des traitements sur les matériaux en présence sur le court et le long terme. Afin de se mesurer aux contraintes d’une intervention en conditions réelles, des études de cas seront traités en respectant une déontologie définie en amont.

Contact Equipe Laboratoire : M. Duranton

Projet CoPaiM

Lancé en 2016, ce projet a pour objectif de développer un ou des protocoles de traitement en vue de stabiliser le support métallique d’objets en métal peint, sans impact sur la couche de polychromie. Ce type d’objet est courant dans les collections patrimoniales. Cette étude s’est donc focalisée, à la suite d’un chantier réalisé par la spécialité arts du feu, option métal, sur la protection d’objets métalliques peints provenant des collections scientifiques et techniques du musée des arts et métiers (CNAM).

En 2018, le projet a obtenu un co-financement Synchrotron Soleil et DIM MAP pour un doctorat qui a débuté à la fin de la même année. Les porteurs de ce projet sont Solenn Reguer, scientifique de ligne au Synchrotron Soleil, et Ludovic Bellot-Gurlet, professeur des universités à Sorbonne Universités, laboratoire MONARIS. Les coordinatrices de ce projet à l’INP sont Anne Genachte-Le Bail pour le laboratoire, Marie-Anne Loeper-Attia pour l’atelier arts du feu-métal. Les autres partenaires sont le musée des arts et métiers (CNAM), le Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques (LISA) et une restauratrice du patrimoine indépendante J. Schröter.

Contact Equipe Laboratoire : A. Genachte-Le Bail

Contact Ateliers : M.A. Loeper Attia 

Projet UV

Caractérisation des papiers transparents : développement d’une méthode non invasive par prises de vue numériques sous rayonnement UV. Ce projet est porté par le laboratoire de l’INP dont la coordination est assurée par A. Dequier et fédère Ludivine Leroy-Banti (Ateliers de restauration, Département de la Conservation, Archives nationales, site de Pierrefitte), Stéphane Bouvet (Laboratoire scientifique et technique, site de Bussy St Georges, Bibliothèque nationale de France). Initié dans le cadre d’un sujet technico-scientifique de mémoire de fin d’étude, ce projet a bénéficié en 2020 du financement interne d’un stage de M2 d’une durée de 6 mois effectué par Chloé Bernard, étudiante à l’Ecole nationale supérieure Louis Lumière (ENSLL). La caractérisation des équipements photographiques et d’éclairage ainsi que le développement d’un traitement automatique des données (IA) ont été l’objet de son stage.

Contact Equipe Laboratoire : A. Dequier

Projet CHANGE

Cultural Heritage Analysis for New Generations : 15 doctorats européens visant à développer de nouvelles méthodologies dédiées à l’évaluation des changements de surface des objets patrimoniaux (https://change-itn.eu)

L’Institut national du patrimoine est partenaire du projet Européen CHANGE (2019-2022), coordonné par le laboratoire de colorimétrie et d’imagerie (Colourlab) de l’Université norvégienne de Sciences et technologies (NTNU) de Gjøvik en Norvège.

Ce projet a bénéficié en 2018 d’un financement du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne dans le cadre de la Convention de subvention Marie Skłodowska-Curie.

Les institutions bénéficiaires sont : Université norvégienne de science et technologie (NTU, Norvège), Université de technologie de Varsovie (WUT, Pologne), Centre de recherche de de restauration des musées de France (C2RMF, France), Université de Bourgogne Franche-Comté (UBFC, France), Université d’Oslo (Norvège), Université de technologie de Chypre (Chypre), Haute École Spécialisée de Suisse occidentale (Hes.so, Suisse), Université d’Amsterdam (Pays-Bas), Musée national de Suisse (Suisse). Les institutions partenaires sont : Musée national d’Art, d’Architecture et de Design d’Oslo (Norvège), Norsk Elektro Optikk (Neo, Norvège), Musée du Palais du Roi Jan III, Wilanów (Pologne), Académie des Beaux-Arts de Varsovie (Pologne), Germolles – Palais des Ducs de Bourgogne (France), 7Reasons GMBH (Autriche), AICON 3D Systems GmbH (Allemagne), Rijksmuseum d’Amsterdam (Pays-Bas), Institut National du Patrimoine (INP, France).

A.Dequier qui est le partenaire INP de ce projet fait partie de l'équipe encadrante de la thèse de Yoko Artega qui a démarré en 2019 sur le sujet “Microscopic 3D imaging and conservation”.

Contact Equipe Laboratoire : A. Dequier

Projet SoCore !

Science ouverte pour la conservation-restauration du patrimoine culturel : structuration et ouverture des données produites par l’activité de conservation-restauration du patrimoine culturel matériel

Porté par la Fondation des Sciences du Patrimoine et bénéficiaire d’un financement ANR Flash sciences ouvertes, le projet SoCoRe! est la continuation du projet Parcours (2014-2018). Il a pour objectif la conception de modèles, vocabulaires, plateformes et outils communs (base de donnée DATA H) pour la production, le partage et le stockage des données de conservation / restauration ainsi que de spécifier les bonnes pratiques et les procédures pour s’inscrire dans cette démarche pour une science ouverte.

Dans la continuité de sa participation au projet Parcours, le laboratoire de l’INP contribue au développement des thésaurus spécialisés et, à terme produira, des données compatibles SoCoRe pour leur consultation par le plus grand nombre.

Les partenaires du projet sont : le laboratoire ETIS de l’Université de Cergy-Pontoise, le C2RMF, le LRMH, le CRC/CRCC, le laboratoire de l’INP (référent Angèle Dequier), le laboratoire IPANEMA (CNRS). Le CICRP, l’INHA, le Map-Gamsau (CNRS) sont associés au projet.

Contact Equipe Laboratoire : A. Dequier

Projet Vibration & Conservation

Si aujourd’hui température, humidité, lumière ambiantes sont considérées comme des paramètres déterminants pour les objets patrimoniaux et sont encadrés par des normes de conservation, ce n’est pas le cas des phénomènes des sollicitations vibratoires. Pourtant de nombreuses œuvres en condition d'exposition, de stockage ou de transport y sont fréquemment soumises. Ces vibrations revêtent un caractère exceptionnel lorsqu’il s’agit d’événements artistiques dans lesquels l’énergie acoustique engagée est non négligeable ou récurrente dès lors qu’il s’agit de transports liés à la circulation des œuvres entre différents espaces de conservation ou lors de prêts entre établissements. Ces sollicitations vibratoires, par l’énergie qu’elles contiennent, représentent un risque pour les objets du patrimoine et peuvent provoquer des dégâts irréversibles pouvant aller jusqu’à la perte de matière.

L’objectif de ce projet est de proposer des solutions de conservation-restauration pour les acteurs du patrimoine.

Les partenaires sont la Philharmonie de Paris, le musée du Quai Branly – Jacques Chirac, le musée du Louvre, le musée des Arts décoratifs et Sorbonne Université.

2020 a été l’occasion de fédérer le groupe de travail (Philharmonie de Paris, Musée des Arts décoratifs, Musée du Quai Branly Jacques Chirac, Sorbonne Université, l’IRCAM, Cergy Université Paris Seine et l’INP, laboratoire et régie) grâce à la mise en place d’une formation sur la mesure de vibration en environnement patrimonial, coordonnée par Sandie Le Conte et François Ollivier (Institut Jean-Le Rond d'Alembert, SU) et de faire émerger des questions pratiques. Une campagne de mesure de vibrations pilotée par S. Le Conte a également été menée lors du déplacement des collections du musée du Louvre vers Liévin. Une autre campagne de mesures a été réalisée au musée des Arts Décoratifs pour connaître la sensibilité aux vibrations d’un lustre monumental exposé et soumis aux contraintes sonores liées aux locations d’espace. Enfin, l’équipe du laboratoire a été rejointe par un doctorant en acoustique, Loïc Forma pour 3 ans.

Contact Equipe Laboratoire : S. Le Conte

Projet Méthodologie multiphysique et sensorielle des interventions de CR

La notion de transmission du patrimoine est rattachée à celles des valeurs culturelles qui évoluent selon les époques, les publics et les connaissances cumulées dans l’histoire des arts et techniques. Il en est de même pour la déontologie de la restauration qui a beaucoup évolué entre les politiques interventionnistes du XIXe et les préconisations d’interventions plus raisonnées de la restauration moderne au XXIe siècle.

L’évaluation du niveau d’intervention le plus adapté à une œuvre fait aujourd’hui l’objet d’une concertation interdisciplinaire entre les conservateurs, les restaurateurs, les scientifiques de la conservation et les historiens d’art. Il s’agit donc d’un processus de décisions basé sur la complémentarité d’éléments de connaissance et des différentes subjectivités des acteurs de la conservation, d’un compromis intellectuel et culturel visant à considérer les aspects déontologiques, esthétiques, techniques et scientifiques.

La question de la pertinence d’une mesure objective dans le processus d’évaluation d’un rendu visuel en cours de restauration reste un sujet à part entière car il n’a pas encore été véritablement exploré : l’œil de l’expert suffit-il pour valider son propre geste alors que de nouvelles techniques de caractérisation non invasives peuvent repousser les limites de perception des faibles modifications ? L’objectivation de cette perception est envisageable par la mise en regard de mesures instrumentales et de mesures psychophysiques effectuées sur des œuvres telles que les peintures.

Ce projet fédère le C2RMF département restauration, le CIRCP, Cergy Université Paris Seine et SU. L’année 2020 a été l’occasion de faire naître le projet et d’obtenir une bourse de stage Master 2 pour initier les travaux autour de la méthodologie des tests perceptifs.

Contact Equipe Laboratoire : S. Le Conte