le 17 juillet 2025
Publié le 17 juillet 2025 Mis à jour le 17 juillet 2025

Disparition de Jean-Christophe Monferran

Nous avons la profonde tristesse de vous faire part du décès de notre collègue Jean-Christophe Monferran, ingénieur d’études au CNRS et membre d'Héritages.

Hommage à Jean-Christophe Monferran 

C’est avec une grande tristesse que nous rendons hommage à Jean-Christophe Monferran, ingénieur d’études au CNRS et membre d'Héritages.

Jean-Christophe a incarné tout au long de son parcours une exigence scientifique, une sensibilité pour l’image et un engagement profond envers les autres.

Après une première vie professionnelle à la Cité des sciences et de l’industrie comme journaliste, réalisateur et chef de projet multimédia (1988–2008), il rejoint le CNRS en 2008 à l’Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain (IIAC), où il développe une approche originale de l’ethnographie visuelle, fondée sur une observation sensible des pratiques culturelles et sur une recherche menée en coopération étroite avec les acteurs de terrain. Il s’implique notamment dans l’étude des fêtes de l’Ours dans le Haut-Vallespir, dans le cadre de leur classement au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

En 2020, il rejoint le groupe de travail "Émotions/mobilisations", mis en place par le CNRS et le ministère de la Culture après l’incendie de Notre-Dame de Paris. Ce chantier scientifique autour de la cathédrale constitue l’un de ses derniers grands engagements, dans lequel il mobilise à la fois ses compétences en audiovisuel, son sens de l’enquête collective et son attention aux formes d’expression mémorielles.

Depuis 2021, il exerçait au sein du laboratoire Héritages, où il poursuivait ses recherches en combinant les outils des sciences sociales, de l’image et du numérique. Il a apporté une contribution précieuse au projet Bérose et à la revue ethnographiques.org, où il a œuvré à la valorisation de l’histoire de l’anthropologie et des formes contemporaines de l’ethnographie filmée.

Son regard profondément humain s’est aussi porté sur le monde rural, en particulier la Lozère, région qu’il aimait pour ses paysages, son rythme et les sociabilités qui l’habitent. À travers des films comme Le maire, le centre et l'ingénieur (1996), il montrait son attachement à ces territoires et son attention à ce qui, dans les gestes, les paysages ou les silences, révèle l’essentiel de la vie. Lui-même vivait selon ces rythmes, proche des animaux et attentif aux saisons, des gestes simples qui reflétaient son lien profond à ces lieux.

Ses réalisations documentaires témoignent d’un regard engagé, toujours tourné vers l’autre :

  • En quêtes d'ovnis, réalisé par Jean-Christophe Monferran avec Pierre Lagrange, Cité des Sciences et de l'Industrie (1991)
  • L’étrave et le baliveau (1994), réalisé par Jean-Christophe Monferran avec Martin de la Soudière, un documentaire sensible sur le monde rural ;
  • Le maire, le centre et l'ingénieur (1996) 
  • Traces (2012), réalisé par Jean-Christophe Monferran avec Martin de la Soudière, une relecture sensible d’un film de Mario Ruspoli sur le monde rural ;
  • Mémoire promise (2013), réalisé par Jean-Christophe Monferran avec Gaetano Ciarcia, consacré à la mémoire de l’esclavage au Bénin ;
  • Le Nouvel An chinois à Paris (2015), un webdocumentaire co-réalisé avec Jing Wang.

À travers le regard de sa caméra, il nous transmet non seulement les histoires des autres, mais aussi la trace vivante de sa mémoire.

Jean-Christophe Monferran restera dans nos souvenirs comme un collègue humble, dévoué à son travail, toujours à l’écoute des autres et engagé dans la transmission du savoir ; il n’était pas seulement un collègue, mais surtout un ami qui nous manquera.

Son héritage scientifique et humain continuera de nous inspirer longtemps.

À sa famille et à ses proches, ainsi qu’à tous ceux qui ont partagé son parcours, nous adressons nos condoléances les plus sincères.