Participation de Yannicke Chupin (MCF CY) à la publication des œuvres romanesques de Nabokov
Actuellement en délégation au LARCA jusqu’à la fin de l’année,
Yannicke Chupin (MCF CY) a collaboré à la publication des œuvres romanesques de Nabokov au sein de la bibliothèque de la Pléiade.
Le 4 février dernier est paru le 3e et dernier tome de la traduction française des œuvres complètes du romancier américain (sous la direction de Maurice Couturier).
Après le succès planétaire de
Lolita, Nabokov jouit d'une grande liberté créatrice. La suite de son œuvre lance au lecteur, à son intelligence, à son imaginaire, un défi permanent. Le héros de
Pnine (roman de 1957 ici proposé dans une nouvelle traduction), professeur d'origine russe enseignant dans une université américaine, c'est-à-dire doté d'une biographie proche de celle de son créateur, sera évincé de son poste par le narrateur du récit, qui se révèle être... Nabokov lui-même.
Feu pâle (1962) met en compétition 2 types de textes, un poème et son commentaire, 2 narrateurs, qui sont l'image inversée l'un de l'autre, et 2 univers antagonistes. Puis vient
Ada ou l'Ardeur (1969), le chef-d'œuvre de la période, et peut-être le chef-d'œuvre de Nabokov. Livre ambitieux, maîtrisé – 2 univers, 2 narrateurs, de nombreux emboîtements narratifs et un brouillage constant des repères temporels –, c'est aussi, un an après
Belle du Seigneur, un grand roman d'amour.
Trois ans plus tard, dans
La Transparence des choses – « une simple enquête "au-delà des cyprès" sur l'entrelacs des destinées prises au hasard », disait l'auteur, non sans mystère –, le narrateur, un certain Mr. R., romancier de son état, agit depuis le royaume des ombres... Enfin, Vadim Vadimovitch, narrateur de
Regarde, regarde les Arlequins ! (1974), le dernier roman publié par Nabokov (car
L'Original de Laura restera inachevé et paraîtra après sa mort), ressemble à s'y méprendre à Vladimir Vladimirovitch Nabokov.
Autobiographie fictive, variation sur le thème de l'identité, du double, de la copie et de l'original, ultime regard, teinté d'humour et d'ironie, d'un homme sur la trajectoire de sa vie et sur son œuvre, c'est aussi l'occasion d'une confrontation finale avec un lecteur que Nabokov n'aura eu de cesse de provoquer, défier et enchanter.